Dans le miroir

C’est curieux, vraiment, si curieux, comme les gens qu’on regarde dans un miroir nous paraissent soudain… différents. 

Ainsi, Arnaud… après tout elle n’avait jamais eu le sentiment de bien le connaître.

Elle l’aimait, oui, elle l’aimait… elle était tout à fait certaine de l’aimer… mais elle était si habituée à sa vie de célibataire… Et lui, il était si pressant, si amoureux, il ne pouvait plus vivre sans elle, il insistait pour s’installer avec elle… enfin, chez elle… naturellement, ce serait chez elle… elle avait un appartement si agréable, et chez lui, c’était si petit, si froid…

S’installer tout à fait ensemble, ce serait certainement la meilleure chose à faire, au point où ils en étaient, tous les deux… mais… elle hésitait. Sortir avec lui… coucher avec lui… soit, mais vivre complètement avec lui… partager sa vie avec la sienne, comme on dit… elle ne savait pas… pas encore… 

Vraiment, c’était si curieux de regarder quelqu’un dans un miroir. Quand elle venait à « l’Oiseau-livre », la minuscule librairie-salon de Martha où ils étaient entrés tout à l’heure pour boire un café, elle s’asseyait toujours face au grand miroir qui recouvrait le mur du fond. Elle aimait regarder les gens dans les miroirs. Une très bonne idée de Martha, ces miroirs qu’elle avait accrochés partout… ils agrandissaient la pièce, ils y apportaient leur lumière, ils se répondaient les uns aux autres. Est-ce qu’Arnaud se doutait que son image, renvoyée par le petit miroir du coin, se reflétait si bien dans le grand miroir du fond… ? Et qu’elle le regardait, s’en doutait-il ? Elle l’aimait. Elle aimait le regarder. Surtout lorsqu’il lisait, qu’il ne prêtait attention à rien, que tout son être se concentrait sur la page. Il y avait un bon moment maintenant qu’il se tenait immobile, sans relever la tête, plongé dans l’un des volumes de nouveautés du rayon « policiers ».

Dans le miroir, là-bas, il avait l’air si… elle ne savait pas… mais plus elle le regardait, plus cela lui semblait curieux… il avait l’air… si… différent…  

Les gens qu’on regarde dans un miroir et qui ne se savent pas observés ont toujours l’air… oui, c’est cela, si différents… C’est toujours fascinant de regarder quelqu’un dans un miroir, quelqu’un qui ne sait pas qu’on le regarde… 

Soudain, elle prit conscience de la manoeuvre. Il s’était appuyé contre l’étagère, et… c’était probablement imperceptible si on le voyait seulement de dos, mais, dans cette image de profil que lui renvoyait le miroir, elle distinguait cela très bien… il s’était arrangé – arrangé ? pourquoi ce mot, pourquoi avait-elle pensé « arrangé », comment le savait-elle ? – ce geste si léger… sa main enfoncée dans la poche de l’imperméable, comme pour y chercher un mouchoir, mais qui en réalité dirigeait le tissu… oui, il s’était arrangé pour qu’un pan de son imperméable retombe sur le livre qu’il venait de reposer. Après quelques secondes il avait sorti de sa poche un mouchoir qu’il avait posé sur ses lèvres comme un homme légèrement enrhumé, tout en reculant vers un autre rayon. Sur l’étagère contre laquelle il s’était tenu, il n’y avait plus qu’une place vide. Le livre qui avait été posé là précédemment, le livre qu’il avait si longtemps feuilleté, avait disparu. Englouti.

Elle resta stupéfaite.

Voilà qu’il revenait s’asseoir, les mains vides, de ce pas souple et désinvolte qui lui avait toujours semblé si séduisant, à la petite table de bois brut où Martha avait servi les deux cafés.

Elle ne put s’empêcher de regarder la poche de l’imperméable… on ne remarquait pas grand chose… mais il y avait peut-être, il lui semblait bien qu’il y avait… dans le tissu couleur mastic, oui, ce… ce tombant particulier que donne le poids d’un objet… 

Pourtant… il n’avait pas, pas du tout, ce visage inquiet qu’elle aurait eu, elle, si… enfin si elle… car elle… non, elle, elle n’aurait pas osé… elle aurait été terrifiée, elle aurait tremblé, transpiré à grosses gouttes. Lui… il était au contraire très calme, tout à fait détendu.

Elle avait dû se tromper. Mal comprendre. Probablement. Cela lui arrivait si souvent, de mal comprendre. Elle était bien loin d’avoir l’intelligence d’Arnaud.

—Tu… n’enlèves pas ton imperméable, Arnaud ?

—Si, bien sûr… je l’avais gardé un moment… j’avais froid tout à l’heure…

Il n’avait pas du tout l’air de quelqu’un qui… Non. Elle avait beau l’observer, rien, absolument rien dans son comportement n’indiquait que… Si elle n’avait pas vu… mais avait-elle vraiment vu ? Et qu’avait-elle vu, au juste ? On pouvait toujours tout interpréter… interpréter autrement…

—Il y avait un livre qui t’intéressait particulièrement ? 

—Non, non… pas vraiment… 

—Pourtant, tu es resté longtemps… à feuilleter… 

—Oh, la petite pêche habituelle. Tu sais comment je fais toujours : je lance le harpon à la page 22 et, si je file jusqu’à la 24…

C’était une de ses plaisanteries. Il disait que, pour connaître la valeur d’un livre, il fallait lancer son harpon à la page 22…  quel que soit le livre, il l’ouvrait toujours à la page 22. Et s’il continuait jusqu’à la page 24 sans s’arrêter, alors, c’était que le livre avait des chances… chances, bien sûr, qui ne constituaient pas une certitude, mais, tout de même, de sérieuses chances, de ne pas être tout à fait mauvais… Il ne disait jamais « bon », il disait toujours « pas tout à fait mauvais ». Il disait aussi qu’il ne fallait jamais commencer par la première page. La première page était la plus soignée et donc la plus mensongère, la première page était un dispositif conçu pour séduire et faire illusion… tandis qu’à la page 22, l’écrivain avait eu le temps de se relâcher, il commençait à se croire à l’abri des regards lucides, il était devenu enfin lui-même… Il y a toujours un moment où on redevient soi-même. C’est là qu’il faut juger. C’est pourquoi la vérité ne se découvre jamais avant la page 22.

Il était toujours ainsi, blagueur, intelligent. Si perspicace. 

—Et là, tu es allé jusqu’à la page 24 ?

—Eh oui…

—Raconte-moi…

—Oh, tu n’aimeras pas… une histoire de sourcier… un sourcier qu’on a appelé pour trouver l’emplacement d’un ancien puits… il entre dans la maison… c’est en Cornouailles, tout au bord de la mer, on entend la marée cogner sur les rochers, tout près… Tu vois le cadre, banalement étrange, mais il y a une mécanique du récit… un sens du suspense… ce n’est pas mauvais du tout… il y a ce rythme… tu sais que c’est ce qui m’intéresse, le rythme, ce que je recherche avant tout… Donc il entre dans la maison – une maison de maître, un petit manoir où vivent trois femmes charmantes, trois soeurs, comme chez Tchekhov, tu te souviens… ? Trois soeurs aimables, encore jeunes, qui le reçoivent chaleureusement… mais lui, à peine est-il installé dans le salon, qu’il se sent horriblement mal à l’aise… il perçoit, soudain, sans pouvoir l’expliquer, que quelque chose de grave, quelque chose de très grave, a eu lieu, là, précisément dans cette pièce si pimpante et bien rénovée où les trois soeurs lui sourient… et, tout à coup, dans le grand miroir posé sur la cheminée, il aperçoit…

Elle n’écoutait plus. Pourquoi ne lisait-il que des romans policiers, depuis plusieurs mois ? Pourquoi s’obstinait-il lui-même à écrire ce roman policier qui n’avançait pas ? Il s’imaginait tenir là son best-seller… Pourquoi donc ? Elle n’aimait pas les romans policiers. 

— C’est de qui ?

— Un Scandinave… Per Oläfsen-Gynt… un auteur qui marche très fort, en ce moment… mais… pas mauvais du tout… du rythme, c’est cela, beaucoup de rythme… j’ai chroniqué son livre précédent, tu dois t’en souvenir… l’éditeur aurait pu, je pense, m’envoyer celui-ci aussi, j’avais fait un article plutôt…

— … Olfassen-Gynt ? Comment ça s’écrit ?  Ça te plairait si je te l’offrais, ce livre ?

— Me l’offrir ?

— Oui, oui, d’ailleurs c’est décidé, je te l’offre ! J’avais envie de t’offrir un livre, aujourd’hui… c’est toujours dommage d’aller chez Martha et de ne pas acheter de livres… Je le prendrai en sortant. Je demanderai à Martha de faire un joli paquet. Ou plutôt, non… non, tout de suite, je le veux tout de suite, je vais tout de suite le chercher… Martha le mettra sur la note… nous le lirons ensemble en buvant le café… 

—Non. Pas question… ! Enfin, je voulais dire, excuse-moi, ma chérie, j’aime beaucoup lire près de toi, épaule contre épaule, j’aime beaucoup… mais… non, reste donc tranquille, finis ton café…  je t’assure, ce livre-là, ce n’est pas la peine…  il te déplairait… d’ailleurs l’éditeur finira sans doute par me l’envoyer, j’en toucherai deux mots à Jean-Bernard. Et puis tu sais bien que je ne veux pas, absolument pas, que tu me fasses des cadeaux…

Il acceptait si volontiers ses présents, d’habitude. Manifestement, elle avait réussi à le déstabiliser… C’était donc qu’elle ne s’était pas trompée, tout à l’heure, et que le volume, là-bas, n’y était plus… Olgerson-Gynt, quel nom… mais elle se souviendrait… elle vérifierait. Martha n’avait jamais plus d’un exemplaire de chaque livre, dans sa minuscule librairie. S’il ne se retrouvait plus sur l’étagère, cet auteur si prometteur, cet Olfasson… ce Gynt… 

— Ce serait si agréable… tu me lirais des pages pendant que nous boirions le café… et puis ce serait bien pour Martha, ça l’aiderait un peu…

—Non, je t’ai dit : non ! Ne m’ennuie pas avec ça !

Il se fâchait. On se fâche toujours lorsqu’on se sent coupable. C’était un trait qu’elle avait souvent observé chez ses élèves. Le signe presque infaillible de la culpabilité.

Alors c’était vrai. Maintenant, elle était sûre que c’était vrai. Il avait réellement pris le livre. Ce qu’elle avait vu dans le miroir n’avait pas été une illusion… 

Involontairement, elle jeta de nouveau les yeux sur l’imperméable. Pendu au « perroquet », il avait l’air d’un manteau oublié dans un commissariat.

Martha s’approchait avec l’assiette de gâteaux. Elle les fabriquait elle-même. La nuit, après avoir fait et refait les comptes toujours en déséquilibre de la librairie, elle enfilait son tablier de pâtissière, pétrissait et cuisait. Elle vivotait, pauvre Martha, à son âge… Pourtant elle avait un goût littéraire particulièrement sûr. Elle avait l’étoffe d’une Sylvia Beach. Elle aurait pu être une découvreuse, une éclaireuse, une rassembleuse… Mais dans cette petite ville de province… et avec cette « crise » qui durait, et toutes ces commandes sur Amazon, et cette « révolution numérique », et toutes ces misères qu’on faisait aux libraires, de nos jours, et qui, disait-on, n’avaient pas fini de s’aggraver… ah ! la pauvre, elle avait dû en rabattre sur ses ambitions, et se mettre au café, au thé et aux gâteaux secs…

Arnaud avait commencé à bavarder avec Martha. Comme il s’animait…  Le grand miroir, là-bas, au fond, attrapait tous ses gestes… S’il avait pu se voir… des gestes exagérés, d’acteur, d’avocat… Comment pouvait-il parler à Martha de cette façon, alors qu’il venait… … A sa place elle aurait… elle aurait été… non, pas à cause de la peur… il n’avait évidemment rien à craindre… tout à l’heure, bien entendu, il n’y aurait pas d’alarme, lorsqu’il sortirait avec le livre dans sa poche. Dans sa petite librairie, Martha n’avait pas eu les moyens d’installer un de ces portiques de détection qu’on voit dans les commerces importants… Pas de caméras de surveillance non plus, évidemment. C’était sans risque, de voler un livre chez Martha. Et quand bien même Martha l’aurait découvert, elle n’aurait pas voulu provoquer de scandale…  rien à craindre…  c’était évident… Mais à sa place… elle… il aurait pu, au moins, éprouver de la honte… ! Se taire, au moins. Cesser de donner des leçons à l’univers entier. C’était bas, ce qu’il avait fait, non ? C’était vil, c’était méprisable, de commettre sans risque des actes condamnables. Et le voir pérorer maintenant, tenir tête à Martha… 

« C’est une honte ».

Martha et Arnaud s’interrompirent.

— Qu’est-ce que tu dis ?

— Rien… je n’ai rien dit… enfin, si, mais ce n’était pas… juste une idée qui me traversait l’esprit, je pensais à… mais ne faites pas attention, je suis sotte, je suis désolée…

Arnaud leva le sourcil gauche. Seulement le gauche. Quand il était contrarié il levait le sourcil gauche et son visage devenait dissymétrique. 

Est-ce qu’on pouvait faire confiance à quelqu’un qui avait le visage dissymétrique ? Il était beau pourtant, à sa façon… Extrêmement attirant, plutôt… si intelligent… et célèbre. Enfin assez célèbre. Toutes l’avaient enviée, elle l’avait bien remarqué, au lycée, quand elles avaient su qu’elle le fréquentait… Enviée, et même, oui, elle avait senti cela aussi… respectée. Il n’y avait qu’Aline qui avait dit… elle préférait ne pas se souvenir de ce qu’avait dit Aline, Aline devait être un peu jalouse, voilà tout. Et, au fond, elle la comprenait… Elle avait tellement de chance, elle qui était si… disons… si effacée… d’être aimée de cet homme-là. C’en était presque injuste. Arnaud était merveilleux… tout le monde le pensait… Alors ce livre, franchement… ce livre de quatre sous… Aline en aurait ri si elle lui avait raconté la petite anecdote du livre… ah ah ! dans le miroir, quelle idiotie… ! Elle était libre, Aline, une femme sans préjugés, un esprit large… Quelles idées idiotes elle avait pu avoir, tout à l’heure. C’était à cause du miroir, pourquoi avait-elle voulu regarder Arnaud dans ce miroir ? jamais elle n’aurait pensé de telles choses si elle ne l’avait pas regardé dans le miroir… Le miroir était cause de tout. Le miroir avait donné une importance exagérée à une scène sans… sans aucun sens. Ce livre… elle en avait fait tout un roman. Volé, et après ? Ce n’était pas si grave, après tout, un vol de livre. Non, à peine un vol, un larcin… Voler un livre, est-ce que c’était important ? Est-ce que c’était pire que l’emprunter sans le rendre, comme tout le monde le fait… ? Prendre un livre, emporter sans y prendre garde un volume qu’on est en train de lire… C’est si peu de chose… quelques euros tout au plus… il suffirait qu’elle laisse un gros pourboire à Martha, tout à l’heure, et tout serait remboursé… Beaucoup de gens volaient, d’ailleurs… elle en connaissait, au lycée, quelques-uns, de belles âmes généreuses, bénévoles de toutes sortes de nobles causes, mais qui ne résistaient jamais, lorsqu’il était facile de s’emparer de quelque chose… C’était l’époque qui voulait cela… Certainement, l’époque… avec son sens moral à géométrie variable… Cela ne voulait plus rien dire, le bien, le mal. A supposer que cela ait jamais voulu dire quelque chose… Et puis Arnaud n’était pas riche. Malgré sa valeur personnelle, malgré son grand talent, il était resté pauvre. Et quand on est pauvre, n’est-ce pas, qu’on est privé de tout, il est excusable, parfois, il est tout à fait excusable de céder à une impulsion. Car ce n’avait été qu’une impulsion. La tentation d’un moment, rien de plus… Lorsqu’il vivrait avec elle, au moins, tout s’arrangerait, elle serait heureuse de lui épargner les soucis d’argent. Il pourrait les acheter, les livres qu’il souhaitait lire, tous, et, enfin, il aurait le loisir de reprendre son oeuvre, de se consacrer pleinement à elle. Délivré de ces soucis qui l’abaissaient, il deviendrait enfin le grand écrivain qu’il devait être. Il l’écrirait, son « best-seller »… Et qui y penserait encore, à ces bêtises ? Finalement, elle allait accepter, se décider… ils vivraient tout à fait ensemble… ils se marieraient même peut-être, ensuite…

Cependant Arnaud avait repris sa conversation avec Martha. Une conversation animée, passionnée, de plus en plus animée, de plus en plus passionnée… Ils aimaient tant parler livres, tous les deux. Arnaud était un homme tellement cultivé, un authentique amateur de livres, un lecteur fervent… fervent, oui, c’était le mot qui convenait… il avait ce culte des livres… Mais pourquoi avait-il, tandis qu’il répliquait en virtuose à Martha qui perdait pied peu à peu… pourquoi avait-il dans le regard, sous ce sourcil gauche qu’il s’obstinait à lever, cette étincelle qui s’y promenait en tous sens, celle qu’il avait toujours lorsqu’il se moquait… ? Brusquement elle comprit. Il ne parlait pas livres avec Martha, en réalité… il s’agissait de tout autre chose : il l’écrasait, il l’embobinait. Pour que Martha ne remarque rien, surtout pas l’évidence, c’était plus sûr, en effet, de la dominer et l’embobiner… son client le plus intéressant, le seul vraiment à la hauteur, dans cette ville de province… celui qui animait de tout son esprit les rencontres qu’elle organisait, certains soirs, dans la petite boutique… Pauvre Martha… si elle s’était doutée…

La tête lui tournait. Quelque chose cognait dans son crâne.

—Tu ne te sens pas bien, ma chérie ? 

Comme il était prévenant. Si doux. Elle avait toujours aimé la chaleur de sa voix de baryton. Un velours.

—Apporte-lui un peu d’aspirine, Martha.

Cette façon qu’il avait eue de dire « Maaar-tha… » Ma parole, il la draguait, cette pauvre Martha, à son âge… Peut-être qu’il l’avait séduite, elle aussi, après tout… 

Un flirt, alors… et sous ses yeux, encore ! Il la tromperait, il la trompait déjà, c’était évident… Il avait eu, il avait encore, il aurait, peut-être, certainement, d’autres maîtresses. Beaucoup d’autres. Dans ces services obscurs des ministères et des conseils régionaux où se distribuent les subventions… Dans les journaux. Partout où il y avait quelque chose à rafler. C’était cela, son travail… Profiter de la situation. Trouver de l’argent. Faire illusion. Continuer à prétendre qu’il était dans la littérature…. un écrivain, un artiste, un chroniqueur, un… tu parles ! Un raté… un séducteur et un raté, comme le sont presque toujours les séducteurs… elle l’avait compris depuis longtemps, même si c’était la première fois qu’elle osait clairement le penser, qu’il était un raté, un raté… intermittent auteur d’on ne savait quelle « maison » d’élite, dont les volumes ne se trouvaient que chez Martha, mais qui avait bâti sur ce maigre fonds une vaste carrière d’imposteur… De bluffeur. De profiteur.

C’était si bizarre. Affreux. Il lui avait suffi, tout à l’heure, de regarder Arnaud dans le miroir… et tout s’était mis à basculer, et tout, tout ce qui lui semblait si calme, si sûr  et si heureux, tout ce sur quoi elle avait appuyé sa vie, ses projets, tout, soudain, s’était trouvé aussi trouble, angoissant et sordide, qu’un roman policier…

—Bois, ma chérie, tu te sentiras mieux… bois… Prends un petit gâteau… ça te rendra des forces…

Non. Elle se trompait de bout en bout. Arnaud était merveilleux… Bien sûr qu’il ne s’était rien passé. Qu’est-ce qu’elle était encore allée imaginer ? C’était idiot. Idiot. Son imagination s’était stupidement emballée. Et pourquoi ? Juste parce qu’elle avait cru voir disparaître un malheureux livre, qui sans doute était tombé sur le sol. Voilà tout. Tombé. Le livre était tombé. Arnaud l’avait poussé avec sa manche, sans s’en rendre compte. Et il était tombé. C’était forcément ce qui était arrivé.

Elle avala le verre d’aspirine, mordilla le gâteau sec. Un sablé aux pépites de chocolat. Est-ce qu’à la page 23 les trois soeurs offraient à leur visiteur un sablé aux pépites de chocolat, dans le salon où il s’était passé quelque chose de très grave ? Décidément, elle détestait les romans policiers… cette façon qu’avaient les personnages de prendre au piège leurs victimes… et cette façon qu’avaient les auteurs de ne pas laisser une seule chance de bonheur et d’optimisme à leurs lecteurs… alors que dans la vie… dans la vie, l’amour finit presque à chaque fois par l’emporter. L’amour l’amour l’amour. Il faut croire à l’amour.

Quand ils quittèrent la librairie-café de Martha, Arnaud était si occupé à saluer M. Liman, le président de la société des amis du Château, qu’elle dut régler la note, comme toujours.

Cela ne l’avait jamais dérangée, jusqu’alors. Au contraire, elle était toujours heureuse de faire quelque chose pour Arnaud. Mais ce jour-là… elle aurait préféré, ce jour-là, qu’il en aille autrement.

—Il n’y était plus, dit-elle en tournant la clé dans le démarreur.

—Qui donc ?

—Follafsen, tu sais bien, cette histoire des trois soeurs… Il n’y était plus…

—Qu’est-ce que ça peut te faire ?

C’était sa faute, bien sûr, s’il lui parlait grossièrement. Elle avait pris sa voix aigre, si déplaisante… la voix qui le crispait toujours et le rendait immanquablement grossier.

—J’ai regardé, en sortant… Même par terre, il n’y était pas.

—Par terre ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Quelqu’un a dû l’acheter, ce malheureux bouquin, les livres sont faits pour être achetés, non… ?

—Il n’y avait que nous, et ce petit étudiant qui vient pour lire et n’achète jamais rien, et monsieur Liman, bien sûr, mais il est entré juste au moment où nous partions…

—Alors c’est que Martha l’aura déplacé. Qu’est-ce que tu as, à la fin ? Tu dis toujours que tu détestes les « policiers »…

—J’aurais vraiment voulu l’acheter, celui-là…

—Je ne te comprends pas. Puisque tu n’aimes pas. Et… enfin… dis-moi… tu n’as pas demandé à Martha ?

— Non, non, je n’ai pas demandé.

Il avait l’air soulagé. Bien sûr qu’elle ne s’était pas trompée.

—Bon. On le retrouvera sûrement.

C’était l’un de ces soirs où Arnaud avait convenu de rentrer avec elle, prévu de… venir chez elle. Elle ne formulait jamais complètement la vérité : prévu de coucher avec elle… Un de ces soirs de plus en plus nombreux qu’il avait décidé de passer chez elle, dans son appartement, avant de s’installer tout à fait là, un jour, bientôt. Très bientôt. Mais ce soir, non, ce soir, elle dirait non. Elle avait besoin de réfléchir. Elle le laissait l’accompagner, mais elle imaginerait un prétexte, tout à l’heure, pour lui dire de ne pas rester, de la laisser seule. Elle trouverait.

—Ce vieil imperméable… tu ne portes que lui… tu devrais en changer, il est tout déformé. Tu devrais prendre un… un blouson, par exemple, quelque chose d’un peu sport. Je pourrais t’offrir ça, pour Noël, qu’est-ce que tu en penses ?

—Je t’ai déjà dit tout à l’heure que je ne veux pas de cadeaux. Même pas pour Noël. Tu n’es pas chargée de m’entretenir, hein ? que les choses soient bien claires… excuse-moi, ma chérie… tu sais que je t’adore, mais il est certain qu’il est indispensable, in-dis-pen-sable, si nous devons vivre ensemble, que les choses soient très claires entre nous… Ces questions d’argent, en particulier… je tiens à ce que les choses soient parfaitement claires, n’est-ce pas… limpides…

Réfléchir. Il fallait qu’elle réfléchisse. Quand elle aurait moins mal au crâne, tout reprendrait sa place. Elle avait certainement exagéré l’importance de ce qui lui apparaîtrait finalement comme de simples détails, des… incidents. Ou plutôt des… malentendus. Des malentendus, voilà… il ne s’agissait que de malentendus. C’était le seul mot approprié. Il y avait entre eux un… malentendu. Des malentendus… Il fallait seulement qu’elle y pense. Elle allait se donner du temps, un peu de temps, juste un peu de temps, pour réfléchir.

A peine entré chez elle, il avait accroché son imperméable au porte-manteau de la chambre. Puis il était parti à la cuisine se servir un verre. N’était-il pas, déjà, chez lui ? Chez elle chez lui chez elle et lui… Oh, que la tête lui faisait mal, c’était un vertige continuel maintenant.

Elle s’approcha du porte-manteau, hésita un instant, retira lentement son propre manteau, l’accrocha près de celui d’Arnaud, hésita encore, puis, très vite, plongea la main. Le livre était bien là, au fond de l’immense poche du vieil imperméable. Per Oläfsen-Gynt, Une Maison en Cornouailles. Page 22, en effet, le sourcier pénétrait dans le salon élégant où les trois hôtesses avenantes l’attendaient… Page 23 on lui offrait le thé avec des gâteaux secs… page 24, un frisson le prenait…

Un livre idiot. Pourquoi Arnaud s’intéressait-il, au point d’aller les voler à Martha, à tous ces romans sans valeur, lui qui était si intelligent, si fin… ? Il ne voulait pas, au moins, écrire un de ces mauvais livres juste pour… juste pour… l’argent ? Mais elle continuait à lire, fascinée…

La tête lui faisait mal, si mal. Et ce vertige qui l’empêchait de penser… Elle devait se détendre, elle allait oublier, ce ne serait rien… Est-ce qu’un livre pouvait les séparer ? Les livres les avaient réunis, au contraire. Et ils s’aimaient. Et l’amour peut tout surmonter, n’est-ce pas ? Il doit tout surmonter. Un livre… un simple livre… les séparer ? Allons bon ! il y aurait eu de quoi plaisanter…

Plaisanter ? 

Combien de livres avait-il dérobés à Martha ?… il avait montré tant de sang-froid, quand il était revenu à leur table, tout à l’heure… tant de mépris pour elle, ensuite, dans leur petite conversation… Il avait l’habitude, c’était évident… l’habitude… Il en avait piqué partout, oui, des livres ! partout ! partout,  depuis des années ! Partout. Choisissant toujours les amis, ou bien les commerçants fragiles, les petits, les naïfs, les passionnés, ceux qui n’avaient pas les moyens d’investir dans les portiques de détection, ceux qui n’avaient pas d’employés ni de caméras pour les aider à surveiller, ceux qui ne se défendraient pas… Et ce n’était pas seulement de livres qu’il s’agissait… bien sûr que non, est-ce qu’elle serait dans cet état s’il s’était seulement agi de livres ? Le vol n’avait été qu’un… un indice… Cela lui était bien indifférent, qu’il ait volé ce livre, ce qui était affreux, c’était tout ce monde de pensées que ce vol avait remué en elle, tout ce qu’il avait agité d’enfoui et de trouble et qu’il avait amené soudain à la clarté… Car elle avait tout compris maintenant, elle avait compris tout ce qu’elle savait déjà mais n’avait jamais osé comprendre : S’ « arranger »… c’était un système, un mode de vie. Il se servait, il s’insinuait, il prenait tout ce qu’il désirait, partout où il pouvait le faire sans risque, elle en était certaine… c’était cela l’homme qu’elle avait aimé, un profiteur, un parasite, voilà ce qu’il était… Quelqu’un de si agréable, si cultivé, si intelligent, si imposant et si charmant pourtant… un intellectuel estimé, connu de tous, qui avait les honneurs du journal local, qu’on invitait au lycée, et au Lions, et au Rotary… à la société des amis du Château, et même au cercle archéologique de la Tour Brisée… Qui aurait pu imaginer ? 

Tiens ! ce volume de la Pléiade qu’il lui avait apporté, tout récemment, pour son anniversaire ? Elle avait été si émue… Simenon… un auteur qu’elle aimait, au moins, l’un des seuls auteurs de « polars » qu’elle lisait avec bonheur… Arnaud se l’était d’ailleurs presque aussitôt approprié…

« Jamais tu n’aurais dû… c’est si cher, en Pléiade…

—Mais je t’aime, ma chérie, je t’aime… et j’aime beaucoup Georges Simenon. »

Evidemment. Il ne publiait plus rien depuis si longtemps. Il ne vivait plus que sur sa réputation. Ou plutôt il ne vivait plus d’elle. Des conférences, il disait, je donne des conférences… et des articles… oh, des articles… dans des revues confidentielles, oui… Et puis il y avait les résidences d’artistes, les bourses, les aides… La réalité était que cela ne suffisait pas. Qu’il était aux abois. Et qu’il n’avait pas le courage, qu’il n’avait pas l’honnêteté de chercher comme un autre un emploi ordinaire et modeste… Non, il volait, il prenait, il profitait… il faisait des dettes, probablement, aussi, des dettes qu’il ne remboursait pas… et… il… il s’arrangeait encore pour vivre aux crochets de…

Tout s’éclaircissait peu à peu, et tout s’embrouillait à mesure. C’était comme dans ces romans policiers minables qu’il lisait avec passion, depuis un an qu’il essayait d’en écrire un.  Le livre qu’elle l’avait vu voler, dans le miroir, tout à l’heure, ce n’était presque rien, en effet, un détail dans l’intrigue, un minuscule détail. Mais c’était tout pourtant. Car c’était l’indice, le fil qui peu à peu devait tout révéler, tout mettre à nu, et la conduire, de noeud en noeud jusqu’au bout… où elle s’égarerait, épuisée… c’était comme au labyrinthe, avec Ariane… — Ariane… ? ne l’avait-il pas abandonnée, elle aussi, celui-là, après s’être servi d’elle… Elle aurait la force. Elle y verrait clair à la fin. The plot… une pelote, oui, c’était cela, et qui allait se dérouler jusqu’à l’étouffer d’angoisse… 

Car ce qu’il fallait qu’elle comprenne, ce qu’il fallait absolument qu’elle comprenne, le plus urgent, le plus important, c’était s’il avait su, pour l’héritage… Un héritage bien modeste, pauvre tante Claudie, un héritage qui certes ne pouvait pas changer sa vie, mais qui tout de même… Il fallait absolument qu’elle découvre s’il avait su… au moment où… qu’elle soit sûre… pour l’héritage… Elle n’en avait parlé qu’à Aline, elle était certaine de n’en avoir parlé qu’à Aline… Pourtant c’était à ce moment, elle s’en souvenait avec certitude, elle aurait pu donner la date et l’heure, c’était juste à ce moment, qu’il avait commencé à se montrer pressant…  Il n’avait jamais prêté attention à elle, auparavant… n’est-ce pas ? à elle, la petite prof d’anglais qui connaissait Aline, qu’Aline invitait quelquefois avec ses amis, tous ces gens tellement plus brillants… Est-ce qu’il l’avait remarquée, avant… ? Alors… est-ce que c’était cela, est-ce qu’il avait su ? Car c’était à ce moment… précisément… qu’il l’avait… séduite… séduite ou… harponnée… ! Harponnée… c’était un mot qu’il employait, un mot qu’il avait sûrement l’habitude d’appliquer aux femmes… Pourquoi… pourquoi, sinon… pourquoi aurait-il fait attention à elle ? elle pouvait bien être franche… elle avait beau se soigner, se maquiller et s’habiller, elle n’était pas de celles qui plaisent aux hommes… pas aux hommes comme Arnaud, en tout cas.

Il paraissait si amoureux pourtant… on ne peut pas mentir ainsi, et si longtemps… ces choses-là se sentent, elles se devinent… et justement peut-être qu’elle… qu’elle l’avait… senti… deviné… Non, c’était impossible, elle délirait ! Juste à cause de ce livre, un roman policier idiot… pas d’autre preuve, c’était absurde… Mais ce soir, au moins… ce soir, il fallait qu’elle réfléchisse, qu’il la laisse seule… elle téléphonerait à Aline… elle l’interrogerait… Aline la rassurerait… Parce que s’il avait su… par Aline… en janvier… si elle découvrait qu’il avait… su… alors cela voudrait dire… mais ce n’était pas imaginable, c’était insensé… qu’il ne l’avait jamais aimée… Qu’il avait voulu s’emparer d’elle, la voler, voler son argent… bien plus que son argent… dérober son amour, ses pensées, son admiration, la voler toute entière, comme il volait Martha, comme il volait sa réputation. S’il avait su… et qu’il avait tout arrangé… Arrangé, comme pour le livre, tout à l’heure… 

Elle remit en hâte le volume dans la poche. Il fallait qu’elle se dépêche de le rejoindre à la cuisine, il ne devait pas se douter. Du temps, elle avait simplement besoin d’un peu de temps. Réfléchir. Obtenir que ce soir il s’en aille. Etre seule un moment. Puisqu’elle avait eu la force, tout à l’heure, de ne pas détourner les yeux, quand elle l’avait vu dans le miroir… la force encore de vérifier, quand ils étaient rentrés… elle trouverait celle d’aller au bout. De dérouler le fil. La pelote entière. The plot. Mais il fallait lui laisser un peu de temps, la possibilité de réfléchir, d’y voir clair à la fin… En lui, en elle… en elle surtout, d’y voir clair. Elle devait trouver un prétexte pour le faire partir, tout à l’heure. Elle dirait… elle dirait qu’elle avait des copies à corriger. Des montagnes de copies. Des Himalaya de thèmes, à corriger mot à mot, lettre à lettre… Elle dirait, de sa voix aigre qu’il ne supportait pas, qu’il ne fallait pas l’empêcher de travailler. C’était ce qui lui déplaisait le plus, ces moments où elle parlait de ses copies, de son métier… Il se fâcherait… il dirait, comme d’habitude, qu’elle lui préférait son travail… alors, quand il serait ainsi irrité, il lèverait son sourcil gauche, elle cesserait un instant de l’aimer, et, sans doute elle aurait le courage… peut-être, certainement, elle dirait… 

Soudain, elle aperçut dans le grand miroir de l’armoire la haute silhouette mince. Il se tenait derrière elle, dans l’encadrement de la porte. Il était beau, il souriait très tendrement. Elle remarqua sur le reflet ce sourcil relevé qui rendait son visage dissymétrique. Mais c’était si curieux : inversé par l’image, le défaut paraissait moins marqué, presque agréable, très séduisant.

Il la serra dans ses bras, étouffa d’un baiser son faible cri de protestation, et l’emporta sur le lit. Elle se laissa faire. C’était, vraiment, comme dans ces romans policiers idiots qu’il affectionnait. Quand on avait fini la page 24, qu’on savait qu’il n’y avait plus rien à attendre du livre, que c’était écoeurant, mais qu’on avait pourtant envie d’aller encore un peu plus loin, peut-être même jusqu’à la fin.

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18 commentaires pour Dans le miroir

  1. jill bill dit :

    En effet on peut tomber sur… cela, soit s’en séparer soit…. merci Carole !

  2. flipperine dit :

    voler un livre ou autre chose que c’est laid et en plus si la commerçante a déjà du mal à tenir sa boutique et qui vole un oeuf vole un boeuf plus tard il volera des objets plus importants s’il a ce vice

  3. Quichottine dit :

    Un scénario implacable… j’espère qu’elle ne se laissera plus faire. C’est vraiment un individu méprisable, et pas seulement pour le livre volé…

    Ton récit est superbe, Carole !
    Passe une douce journée.

  4. almanito dit :

    Qu’importe de connaître la fin du roman dès la page 24, du moment que l’écriture est belle…

  5. X dit :

    Il existe, dans la vie, d’innombrables « signes » (à travers ou du bon côté du miroir) qui seraient peut-être évidents pour d’autres, que nous voyons sans les voir, ou que nous ne voulons pas voir, d’où les mécomptes et les désillusions mais la vie est ainsi. L’aveuglement sur les autres et sur soi-même est profondément humain.
    Ne dites pas trop de mal des romans policiers (mais c’est votre héroïne qui parle), il n’y a pas de « genre » supérieur à un autre en littérature. Outre la langue qu’il maîtrise parfaitement et sa description de rues, de lieux plus ou moins glauques (il y excelle), les « polars » de Simenon sont presque tous construits sur le même modèle avec les flashbacks systématiques.

    • carolechollet dit :

      En effet, ce n’est pas moi qui dis du mal des romans policiers, c’est bien mon héroïne, qui elle-même se comporte comme l’enquêtrice de son propre roman (policier ?), si bien que finalement, moi aussi j’ai écrit une sorte de « récit policier », « the plot ». Je me suis un peu inspirée, en vrac : de Simenon, de Sarraute, de Tchekhov, et… de la réalité !

  6. chateux23 dit :

    En fait, ton héroïne a toujours su que cet homme était un imposteur, mais flattée, un peu paumée, un peu mal dans sa peau, elle a fait taire cette petite voix intérieure qui lui disait de se méfier…Accepter de voir la réalité en face est bien cruel pour cette « Madame Bovary »! J’aime bien ton histoire!

  7. Et si, en observant quelqu’un dans un miroir, l’on se voyait soi-même ?

  8. Cardamone dit :

    Espérons qu’un jour un autre miroir lui dévoilera un aspect plus reluisant de son compagnon!!

  9. zadddie dit :

    en effet, j’ai pensé « nouvelle policière » en lisant…et c’est pas mal, je crois…en tout cas il me semble reconnaitre certaines personnes de mon « entourage »

  10. G.Policand dit :

    Comme d’habitude, les tréfonds de l’âme, les incertitudes, le bien et le mal…
    …Et pour les besoins de la cause cette préférence, si répandue, de la gent féminine pour qui les fera souffrir probablement…mais…
    Texte passionnant. Jusqu’au bout on espère qu’elle va le confondre, le flanquer dehors, mais non! Le conditionnement ancestral agit toujours: pardonner.

  11. mansfield dit :

    Un bel exemple de pervers narcissique passé au crible de ta plume! Très étudié très juste, cette pauvre proie n’a pas fini de souffrir!

  12. polly dit :

    Portraits croisés très justes entre ta narratrice et l’imposteur: le miroir c’est l’Autre.
    Passionnant.

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