A l’ombre du château, le bouquiniste vend de vieilles cartes postales. Morceaux de cartons jaunis, dérisoires, émouvants, impudiques. Traces de vies brassées et dispersées par les brocanteurs qui vident les tiroirs et nettoient les greniers, après les successions.
Je fouillais là-dedans, sans hâte et sans désir, comme on fouille parfois, pour rien, pour ne pas partir, pour essayer la chance, à la recherche d’on ne sait quoi qui pourrait s’en venir.
C’était un fatras mélancolique de paysages heureux dont le ciel bleu s’était fané, de pensées de vacances insouciantes et mortes, de voeux de premiers de l’an depuis longtemps révolus, de souhaits de bon anniversaire adressés à des défunts.
Dans cet amas d’images usées aux coins cornés, bariolées de vieux timbres, noircies de tampons baveurs, une carte, soudain, a attiré mon attention. Elle montrait un bassin de nymphéas, dans un parc aux arbres très verts et à l’herbe très tendre. Des marches de pierres grises descendaient vers l’eau brune, et des carpes koï aux grands corps souples et translucides nageaient très rousses parmi les fleurs rosées des nénuphars, comme dans les jardins japonais. Les couleurs saturées semblaient ternes pourtant, voilées par cette brume indéfinissable que dépose le temps sur ces objets oubliés qu’on retrouve apparemment intacts et mystérieusement fanés. J’ai retourné la carte. Elle était datée du 27 septembre 1996… la carte de printemps était une lettre d’automne. Elle était signée Gertrud, et était adressée à « Liebe Denise », « chère Denise ».
On n’envoie presque plus de cartes, aujourd’hui. On n’écrit plus que des mots qui s’effacent, sur des écrans qui s’éteignent. Et les cartes postales qu’on expédiait par brassées entières vieillissent maintenant, muettes et jaunissantes, sur les tourniquets des bazars de province.
Celle-là pourtant était si doucement ternie, si belle, si étrangement présente et désireuse de vivre encore un peu…
Elle était entièrement rédigée en allemand. Après quelques interrogations bienveillantes et banales sur la santé de Denise et de « la pauvre » (« die Arme »), mère, belle-mère ou fille, qui semblait si malade, on apprenait que la soeur de Gertrud et son mari étaient en voyage au Mexique (« jetzt auf einer MexikoReise »), et puis, brusquement, on lisait cette phrase très simple et si mélancolique : « Langsam wird es Herbst ! »: lentement vient l’automne… lentement l’été va vers l’automne… lentement le temps passant tout doucement se fait automne…
Il est presque impossible de traduire en français ce « es wird » allemand aux sonorités douces comme un soupir et rudes comme la loi, formule impersonnelle, gravement philosophique et profondément humaine, qui exprime mieux qu’aucun terme français l’évidence du devenir et la permanence du passage.
« Langsam wird es Herbst ! » disait la carte aux nymphéas. « Die Kartoffelernte war recht gut. Die Apfel u. Birnenernte steht bevor ! Vorrat für den Winter ! » – Lentement vient l’automne. La récolte de pommes de terre a été très bonne, la récolte des pommes et des poires est pour bientôt… provisions pour l’hiver !
L’encre noire du stylo de Gertrud était devenue brune et le bristol se piquait de taches jaunes et disgracieuses, comme une vieille main.
Cela m’a laissée toute rêveuse.
J’ai acheté la carte. Pour quinze centimes j’ai emporté, aussi honteuse que si je les avais volés, ces quelques mots d’automne, étrangers et si proches, arrachés à une amitié oubliée, à une intimité déflorée et violée, bien davantage que par la mort, par ces revendeurs des boutiques d’ancien qui travaillent obstinément, comme ces insectes nécrophages qui s’agitent obscurs, à faire disparaître les vies dans le néant de leurs bric-à-brac.
« Langsam wird es Herbst ». Lentement vient l’automne.
Là-bas, dans son jardin d’Allemagne, Gertrud s’est assise un moment à l’ombre, devant la petite table de fer usée et bosselée qu’on repeint de blanc chaque printemps. Elle écrit à Denise, qui la lira dans un jardin de France, quelque part du côté de Nantes – où j’ai trouvé la carte.
Gertrud s’est assise à la petite table de fer qu’on repeint chaque année, mais qui se tache inexorablement de petits points de rouille. Elle a chaussé ses lunettes, elle écrit lentement, au stylo-plume.
Près d’elle les pommiers aux branches verdies de lichens ploient jusqu’à terre, sous leur charge de fruits mûrissants. On entend bourdonner dans les branches les abeilles et les guêpes assoiffées de jus. Dans le vent tiède volent deux papillons d’un jaune pâle de beurre d’automne.
Les poiriers donneront beaucoup cette année. Mais les poires seront trop petites. Gerhard ne les soigne plus aussi bien qu’autrefois. Pourquoi n’a-t-il pas supprimé les fruits les plus menus, à la fin du printemps, afin de laisser grandir les autres ? Gerhard est las, il ne s’intéresse plus au jardin comme autrefois.
Gertrud lève un instant la plume, elle le regarde somnoler, sur le fauteuil de rotin qu’il a poussé à l’ombre. Il n’aime plus le soleil, la chaleur le fatigue, et il a tant besoin maintenant, l’après-midi, de faire la sieste un moment.
Il y a plus de quarante ans qu’ils s’assoient là chaque été, songe Gertrud, après le déjeuner sur la terrasse, l’un près de l’autre, l’une devant la petite table, sur la chaise de fer, à lire ou à écrire, et l’autre sur le grand fauteuil de rotin, à se reposer du travail de la matinée, avant de repartir pour l’après-midi – à l’usine autrefois, et simplement, désormais, jusqu’au fond du jardin.
Les pommiers sont bien vieux, attaqués de lichens et de maladies, rongés d’insectes. Qui sait si ce n’est pas cette année leur dernier effort ? Qui sait s’ils fleuriront encore ? Gerhard les a plantés en même temps que la maison, dans le vaste terrain nu dont il voulait faire un verger. Des pommiers de plein vent, qui donnent de petites pommes acides dont on fait des compotes et des confitures.
Les poiriers sont venus bien plus tard. Accrochés à leurs croix de bois, ils ont grandi en arceaux féconds et disciplinés, taillés et retaillés par les cisailles de Gerhard. Arbres de rente, comme il y a des animaux de rente.
Gertrud a toujours préféré les pommiers, âpres et libres, épuisés d’avoir si longtemps lutté contre le vent et les carpocapses.
Gerhard aime mieux les poiriers. Rognés et palissés, ils vont en ordre et en santé, donnant chaque automne leur lot de fruits savoureux et ronds, identiques et banals.
Les arbres sont comme les humains. A moins que ce ne soit l’inverse.
Elle a toujours trouvé Gerhard trop conformiste, trop soucieux de bien faire. Elle aurait aimé, elle, une vie plus ardente, une vie plus… enfin une autre vie.
Mais la vie est la vie, voilà qu’elle est passée. Et que Gerhard lui-même s’est lassé de son petit Eden laborieux.
« Langsam wird es Herbst ». Lentement vient l’automne. L’automne ici, avec ses pluies, ses brumes, ses bruns et ses ocres dans le vert qui s’éteint. Si seulement elle avait pu accompagner sa soeur, au Mexique…
Qu’ont-ils vu, là-bas, les deux vieux voyageurs ?
Gertrud imagine un pays étrange, plein de soleil et de désert, avec des pyramides épaisses et sombres s’écoulant dans des jungles emplies d’oiseaux bariolés et rieurs. Ils enverront peut-être une carte-postale, une carte aux teintes très vives, qu’on recevra quand ils seront déjà rentrés, comme il arrive si souvent. L’année passée ils étaient en Terre de Feu. Et la précédente, en Inde.
A l’automne de la vie, le désir leur est venu de toutes ces couleurs et de ces terres lointaines.
Jamais Gertrud n’est allée au-delà de la France. Elle aurait aimé voyager loin, partir au bout du monde, voir le Mexique et l’Inde, et même la Terre de Feu. Si elle l’avait pu elle aurait voyagé sans cesse, d’un bout à l’autre de la planète, mais Gerhard a toujours été un sédentaire, attaché à sa maison, à son jardin, à ses travaux d’ouvrier laborieux. Et désormais le voilà si malade, si fatigué. Il faut bien dire aussi que l’argent manque. Il a toujours manqué du reste. Heureusement que cette année, la récolte de pommes de terre est abondante, et qu’on aura à suffisance des pommes et des poires… Aller jusqu’en France, ce n’était déjà pas si mal, c’était inespéré, dans une vie comme la leur…
Gertrud reprend la plume… Elle relit ce qu’elle a écrit : « Liebe Denise… »
Denise aimait les voyages, elle aussi, mais elle ne se déplace plus, elle vieillit doucement, là-bas, dans son jardin de France, quelque part du côté de Nantes, près de sa mère sénile, ou de sa fille si souffrante, dévouée et rivée à la « pauvre » inconnue.
Comment Gertrud a-t-elle connu Denise ?
Je crois que c’était à l’occasion d’un de ces jumelages qu’on a multipliés, dans les premiers temps du rapprochement franco-allemand pour manifester la réconciliation des peuples et les prémices de l’Europe unifiée. Peut-être même se sont-elles rencontrées pour la première fois ici, devant le vieux château des ducs, non loin de la boutique où j’ai acheté la carte.
Elles étaient bien plus jeunes, toutes les deux, en ce temps-là. Beaucoup plus jeunes, ou simplement beaucoup moins vieilles. Quelques années de moins, cela compte tellement. Jamais Gertrud n’aurait cru cela, autrefois.
Elles étaient alors de ces femmes mûres, encore actives et inoccupées, dont les enfants viennent de quitter la maison, qui s’ennuient chez elles à parcourir les pièces vides où les voix ont cessé de résonner. Et elles s’étaient portées volontaires pour participer au jumelage, recevoir ces étrangers qui avaient été des ennemis, et qui pouvaient devenir des amis. Gertrud avait toujours détesté la guerre, elle avait aimé cette idée du jumelage qui devait lui permettre de sortir un peu du pays, elle avait aimé voir la France et nouer avec Denise cette amitié inattendue. Elles se parlaient sans se comprendre, pourtant elles se comprenaient si bien par-delà les mots. Et elles s’écrivaient de même, Denise en français, Gertrud en allemand, des lettres qu’elles se faisaient traduire, mais qu’elles avaient toujours su lire bien avant de les avoir montrées à de plus savants qu’elles. Deux amies…
Dans son jardin là-bas, en France, à quoi pense-t-elle, Denise, pendant que Gertrud lui écrit ?
Quand Gertrud se souvient de Denise, elle voit toujours cette femme encore avenante, portant un grand bouquet de fleurs, souriant au soleil, qu’elle avait rencontrée, en descendant du car, un jour de printemps clair. Elle sait pourtant que Denise aujourd’hui est bien vieille. Bien vieille, comme eux tous, ceux du jumelage, comme ceux qui sont partis au Mexique aussi.
« Langsam wird es Herbst », lentement vient l’automne.
L’été s’attarde un peu pourtant, comme il arrive souvent en septembre, dans la douceur tiède des après-midis. Et le parfum des roses est si suave.
Mais la nuit tombera tôt, et déjà les ombres s’allongent sur la petite table de fer. Le jardin est tellement silencieux maintenant. Gertrud a posé la plume un instant. Elle se souvient du temps où les enfants jouaient à grands cris joyeux. Voilà qu’ils sont partis, les oiseaux du jardin. Gerhard a laissé rouiller dans l’herbe le vieux portique où pend encore la balançoire d’autrefois. Et la petite échelle de corde qui ne monte plus vers le ciel, comme le croyaient les tout petits enfants, autrefois. De hautes herbes poussent contre les montants qui tremblent. Il faudrait se décider à arracher tout cela. Mais quel courage il y faudrait… Gerhard laisse pourrir le vieux portique, et Gertrud ne dit rien.
Il y avait cette chanson, si tendre, si triste, autrefois : « Dann wird es langsam wieder Herbst… ». Sa mère la lui chantait… pourquoi en a-t-elle oublié les paroles ?
Sa mère avait arrêté de chanter après la guerre. Gertrud se souvient très bien de cela. Après la guerre, le père est resté longtemps prisonnier, il est revenu, maigre et silencieux. Puis le frère est revenu, encore plus maigre et silencieux. L’oncle, lui, n’est jamais revenu. La mère a cessé de chanter, les journaux se sont emplis de mots et de photos effroyables.
Quand Gertrud a épousé Gerhard, elle n’a jamais osé lui demander ce qu’il avait vu, là-bas. Et Gerhard n’a jamais rien dit. Mais il avait été, à l’usine un ouvrier acharné, et il avait travaillé avec passion au potager et au verger, et à construire la maison. Puis il avait voulu plusieurs enfants.
Il était incapable de s’arrêter, incapable de cesser de s’affairer, comme s’il y avait eu du danger à rester inoccupé, à réfléchir ou à rêver. Ainsi, ce matin encore, comme il s’était fatigué, à récolter les pommes de terre, courbé en deux, raclant la bêche dans la terre trop sèche. Alors que son coeur est malade. Gertrud songe encore. Elle sait qu’elle doit se préparer à ce jour où Gerhard la quittera, et qu’un jour elle devra s’asseoir seule, sur la chaise de fer, dans le jardin dont les arbres fruitiers ne seront plus taillés et où les ombres, le soir, s’allongeront tout autour d’elle, l’encerclant de murmures.
Il est temps que les enfants leur donnent des petits-enfants, songe parfois Gertrud. Mais elle ne veut rien dire, ni à sa fille, ni à ses fils. Les jeunes gens d’aujourd’hui tardent tant à avoir des enfants… et ils en ont si peu. On dit que c’est ainsi. Mais il est temps, pense-t-elle, car ils avancent en âge et l’hiver va venir, Gerhard ne les verra pas grandir s’ils surviennent trop tard.
Gertrud regarde voleter les deux papillons pâles. S’écartant, se rejoignant, capricieusement, comme si c’était le vent qui décidait de les unir ou de les séparer.
Voilà qu’ils ont disparu dans un rayon de soleil ou un trou d’ombre – elle ne saurait le dire, car elle n’a pas bien vu, sa vue s’affaiblit tant.
Aujourd’hui, Denise est morte, sans doute, puisqu’on a vendu jusqu’aux cartes postales qu’elle a reçues. Ils sont rentrés du Mexique et n’y sont jamais retournés, ces retraités allemands qui voulaient profiter de leur liberté nouvelle pour voyager un peu. Ils sont si vieux maintenant. Peut-être sont-ils morts eux aussi. Où qu’ils soient, ils ont froid désormais, ils ont bien froid aux os.
Et Gertrud, et Gerhard ? La vie que je leur ai prêtée ne fut peut-être pas la leur, mais c’est la vie. La vie des mots, la vie des autres qui est aussi la nôtre, la vie qui passe et glisse d’une saison à l’autre, d’une existence à l’autre, toujours nouvelle et toujours la même, la vie qui s’en va vers l’automne.
J’ai connu quelqu’un qui disait sans cesse, avec une sorte de résignation sage et mélancolique, en se remémorant les lieux et les personnes disparus, en revoyant des pans entiers de sa vie engloutis : « C’est un passage ». Et encore, et toujours, soupirant un peu : « C’est un passage… »
« Langsam wird es Herbst », c’est un passage. Lentement vont les jours vers ce couchant qui les tire à la nuit, et nos étés se font automne : « Vorrat für Winter » ! « provisions pour l’hiver »…
Bonsoir Carole… les héritiers ont vendus jusque les cartes postales… Toute ma correspondance de 40 ans dort au grenier dans un tiroir, après nous… ??? Merci… langsam, doucement mais sûrement les choses s’éparpillent…
Oui. Sans doute ne peut-on pas l’empêcher, c’est si « encombrant », une vie humaine une fois disparue avec tous « ses » objets… Je suis un peu pessimiste, je le reconnais, mais je crois que c’est la réalité.
Tous ces petits souvenirs conservés avec amour dans les familles, témoins aussi importants que dérisoires de nos vies se retrouvent un jour, anonymes, chez le brocanteur du coin quand ce n’est pas dans la poubelle….
Triste sort pour ces trésors accumulés vainement, à moins de tomber entre les mains d’une Carole qui les fait revivre avec talent et nostalgie.
Tant de vies se trouvent ainsi réduites à quelques papiers. J’ai toujours trouvé très mélancoliques et funèbres les boutiques de brocante.
Quel talent Carole, quel talent!
Merci d’écrire, merci vraiment.
Hélène*
Et merci Hélène, merci vraiment, pour cet encouragement si précieux !
une magnifique résurrection pour ces correspondantes du passé, quelle belle écriture ! en effet c’est de l’ordre du sacrilège que de vendre l’intimité des défunts, où leur portrait sépia utilisé comme déco dans quelque bar rétro..
On voit cela aussi, en effet. Merci Emma. Amitiés.
Très très beau texte, Carole.
J’ai cru jusqu’au bout que, dans cette relation d’amitié, vous aviez tout inventé.
Mais non, point de départ de votre réflexion sur le temps qui passe, sur notre vie qui, inexorablement, s’en va vers l’automne … sans oublier qu’un jour, elle atteindra l’hiver, définitivement, la carte postale, elle, est bien réelle …
Une image m’a beaucoup touché parce que, mutatis mutandis, elle est probablement celle que nous donnerons tous un jour à nos petits-enfants :
« avant de repartir pour l’après-midi – à l’usine autrefois, et simplement, désormais, jusqu’au fond du jardin. »
J’ai tout inventé, sauf la carte postale et ses quelques mots, ses quelques noms, ses quelques lieux. Inventer à partir de presque rien « la vie des autres, qui est aussi la nôtre », c’était aussi une occasion de réfléchir à la création littéraire.
Tout à fait et je constate avec toujours autant de plaisir de lecture qu’en matière de création littéraire, vous excellez, Carole.
(Simple question personnelle : comment se fait-il que vous parliez l’allemand couramment ? C’est relativement rare en France, sauf en Alsace évidemment ou, si vous êtes Prof d’allemand …)
L’allemand était ma première langue au lycée et en fac. C’est une langue que je lis très facilement, mais que je ne parle pas vraiment « couramment ».
Merci Quichottine. Est-ce que tu évoquais le lied de Schubert « Heidenröslein » sur un poème de Goethe ? Je crois le reconnaître. Si c’est cela, tu peux en trouver une belle interprétation par D. Fisher Diskau.
C’est celui-ci, tout à fait ! 🙂
Merci pour tout.
Passe une douce soirée.
Il y a aussi une interprétation de Christa Ludwig, qui te rappellera peut-être davantage la voix de ta mère.
J’ai toujours rêvé de parler allemand… peut-être à cause d’une chanson qui me lie encore aux souvenir de ma mère.
En grandissant, j’ai appris que c’était un poème, un lied… et moi, je ne peux pas regarder un rosier sans entendre encore sa voix…. Je ne saurais écrire les mots de cet enfant qui se piqua aux épines d’un buisson de roses, mais tu vois, ton récit me touche particulièrement.
Là-bas, ici, deux femmes qui se sont écrit, deux vies qui n’ont sans doute fait que se croiser mais qui ont tout changé.
Ton texte est sublime, Carole. Merci pour ce moment.
Bonsoir Carole,
J’ai d’abord lu ton texte, je me suis imprégnée des sonorités et des émotions puis je me suis éclipsée et me revoici, au creux de la nuit, relisant et appréciant, touchée en plein coeur… Ce n’est pas seulement ton talent d’écrivain qui me trouble ainsi, c’est ce supplément d’âme qui anime chacune de tes créations et de tes réflexions, chacun des regards littéraires et sensibles que tu dardes sur le monde.
Il est à la fois fascinant et très difficile « d’entrer » dans cette amitié, comme tu l’écris si bien avec tes mots qui évoquent le passage, le cycle imperturbable du temps, la venue de l’automne comme une vague d’or patiné sur le paysage…
Que deviendront ces mots si précieux, trésors d’amitié, lorsque nous ne serons plus… Les cartes ont une importance majeure, nous nous écrivons beaucoup avec mes ami(e)s, nous aimons le papier, les cartes et ces fragrances qui n’ont pas d’équivalent. Je n’ai pas de smartphone, comme la plupart de mes amies, nous nous régalons de papier à lettres et de petits trésors faits maison. Le papier porte nos voeux, notre tendresse, nos rêves alors j’ai été particulièrement émue par l’évocation des sentiments de Gertrud et Denise. Tu es très talentueuse et tu m’as enchantée.
Si les mots ne représentent plus rien pour certains qui les dépouillent et les jettent en pâture au hasard, ils sont sous ta plume des joyaux merveilleux.
Bises amicales et bon dimanche
Cendrine
Cendrine, recevoir un tel commentaire, quel bonheur pour moi !
Nous écrivons beaucoup aujourd’hui – ces blogs même en témoignent -, mais avec la conscience que tous ces mots virtuels sont d’une grande précarité. Qui sait si cela ne les rend pas plus précieux ?