Elle s’appelait Océane. Et pourtant elle n’avait jamais vu la mer. Jamais maman n’avait eu assez d’argent pour l’emmener là-bas, sur ces rivages d’horizon, cernés d’azur et de lumière, où elles auraient dû vivre, toutes les deux.
Papa était parti, c’était ce que maman disait. Souvent l’enfant rêvait de lui. Elle ne se rappelait pas l’avoir jamais rencontré, mais elle pensait qu’il était capitaine, à cause d’une photo de lui qu’elle avait vue entre les mains de madame Corne, une photo ensoleillée, où il était sur un bateau, debout, bronzé, et portait une casquette de marin. C’était ce qu’elle expliquait à l’école, quand on lui posait des questions : « Il est capitaine. Sur un paquebot qui fait le tour du monde. Il va revenir… » Une fois, elle avait osé parler à maman du capitaine, et de ce jour où il reviendrait, après son tour du monde. Mais maman avait haussé les épaules en soupirant très fort, très tristement.
Elles habitaient une toute petite maison, sombre, humide, une sorte de grange, dans un hameau qui s’appelait Villegrimont.
Maman avait loué là, l’année précédente, quand elle avait trouvé son travail à Nivouville, parce que c’était meublé et pas cher, qu’il y avait du bon air et un jardin, et aussi à cause du car. Maman n’avait pas de voiture. Mais en car on pouvait aller jusqu’à Marne-lès-Oudon et jusqu’à Nivouville, et même jusqu’à Oudon, et de là jusqu’à… jusqu’à Paris, jusqu’à Versailles, jusqu’à la mer, partout… En face de la maison, contre le mur sombre de la ferme Daviaud, l’aubette de l’arrêt d’autocar était comme une petite cabine translucide entre ses montants rouillés. Les horaires roses et bleus, collés à la paroi de verre opaque, flottaient autour des voyageurs comme des poissons rêveurs, près d’une vieille affiche fanée annonçant la venue du cirque Vogel, sur l’île Clémentine d’Oudon. Tout en bas, on voyait s’étirer les champs jaunes et verts, qui ondulaient en flots pressés au pied de la colline. L’autocar était rouge, avec un drôle de petit drapeau blanc planté sur le pare-brise avant, qui claquait dans le vent. Il portait un nom de femme – Lola -, et il passait deux fois dans chaque sens le matin, une fois dans l’après-midi, et encore une fois le soir. Le samedi, forcément, ce n’était plus qu’une fois le matin et le soir. Cela permettait malgré tout d’aller faire les courses au discount de Marne. On allait même parfois, en début de mois, dans l’autre sens, jusqu’à l’hyper de Nivouville qui était beaucoup plus attrayant. Mais cela devait rester rare, disait maman, car à Nivouville il y avait trop de tentations. De Nivouville on ne rentrait que tard l’après-midi, et on allait manger vers deux heures, après les courses, à la brasserie de la gare qui servait des « croques » et de grosses boules de glace. Le dimanche, bien sûr, l’autocar ne passait pas du tout. Le dimanche, on ne sortait pas, c’était comme ça. On allait dans le jardin, maman s’occupait des fleurs et du potager, Océane jouait toute seule au ballon ou à la marelle, ou, si l’herbe n’était pas trop humide, s’asseyait pour lire sur le gazon, contre les vieilles pierres de la maison échevelées de salpêtre.
Toute la semaine, Maman prenait le car dès 7 heures pour rejoindre son poste à l’usine Sort de Nivouville, puis elle rentrait le soir à six heures et demie. Océane, quant à elle, partait dans l’autre sens, vers l’école de Marne-lès-Oudon, et embarquait dans le bus scolaire qui passait à 7 h 15. C’était elle qui fermait la maison le matin, et, le soir, comme elle était la première à rentrer, c’était elle qui prenait le courrier chez les Daviaud, puis qui allumait le poêle. Maman rentrait à son tour, se plaignait du froid, faisait un peu de ménage, s’agitait un moment dans la cuisine, puis mettait la table devant la télévision.
On mangeait avec les informations. Maman regardait jusqu’à la fin, s’irritait des décisions dures aux pauvres qu’annonçait sans broncher le présentateur, s’affligeait des faits divers tragiques, et commentait toujours longuement la météo, à cause du jardin. Ensuite, elle rangeait, faisait la vaisselle, puis recouvrait la table d’une couverture, et repassait en regardant distraitement l’écran pendant qu’Océane rêvait sur ses devoirs. Maman faisait du repassage au noir pour des gens de Nivouville qui lui confiaient leur linge, ça l’aidait à finir les mois, d’ailleurs elle aimait bien repasser, effacer les plis, aplanir les étoffes, remettre les choses à plat… En plus, le fer brûlant réchauffait agréablement la pièce.
Quand le repassage était fini, maman s’asseyait dans le transat crevé qu’elle avait recouvert de coussins fleuris. Immanquablement, elle disait : « J’ai les jambes lourdes, à la fin », et elle s’endormait aussitôt. Océane, alors, lui tapotait les mains pour la réveiller, et elles allaient se coucher ensemble, dans la petite chambre lambrissée aux lits superposés. En hiver elles dormaient dans le même lit, celui du haut, plus chaud, que maman bassinait d’abord avec une bouillotte, car la maison était mal chauffée. Les bouteilles de gaz pour le poêle coûtaient si cher. On éteignait toujours pour la nuit. Il fallait économiser.
Lorsque Océane avait raconté à Cyndia comment elle s’endormait, pelotonnée contre sa mère, les jours froids, elle avait bien lu dans les yeux de son amie à quel point elle l’enviait. Cyndia vivait seule avec sa mère, elle aussi, et, un jour où elle était plus pâle et frêle encore que d’habitude, elle lui avait révélé que sa mère l’enfermait, bien des soirs, dans le grenier de leur petit logement, « avec les araignées », elle passait la nuit là, terrifiée et glacée, sur le lit de camp qui y était dressé, c’était pour la punir… mais de quoi pouvait-on punir Cyndia qui était si pâle, si maigre, si faible ? De quoi, sinon d’exister, peut-être… Les adultes étaient tout à fait incompréhensibles…
Cyndia, pourtant, était partie en vacances à la mer, l’été dernier, avec un groupe d’enfants emmenés par le Secours populaire. « Et comment c’était, la mer ? » « Oh ! » avait dit Cyndia, « C’était… ! c’était… ! » Jamais Océane n’avait pu en savoir plus. Océane avait demandé à maman si elle pourrait partir aussi à la mer avec le Secours populaire, mais maman avait pris son air vexé, et elle avait déclaré : « Nous ne sommes pas des cas sociaux, nous, tout de même, je me débrouille très bien toute seule, j’ai du travail, maintenant… je n’ai pas besoin d’aide « , puis elle avait repris son repassage en soupirant.
Ce soir-là, dans le courrier que les Daviaud lui avaient remis, Océane avait trouvé une lettre qui lui était adressée personnellement : « Mademoiselle Océane Rio, chez M. et Mme Daviaud, Villegrimont, 45320 Marne-lès-Oudon ». Elle retourna l’enveloppe.
Cela venait de Trouville, villa Téthys, rue des Tamariniers, et c’était de madame Corne, une dame très déplaisante qui était venue plusieurs fois les voir quand maman ne travaillait pas encore et qu’elles habitaient à Paris une chambre sous les toits dans laquelle il pleuvait. Océane la détestait car, chaque fois qu’elle la voyait, madame Corne faisait pleurer maman en lui parlant de son fils, qui était marié à une femme très bien, de la famille des Delavaut, qui avait de très beaux enfants qui réussissaient tout ce qu’ils entreprenaient, et qui menait lui-même une très belle carrière, quelque part, à Paris, ou du côté de Versailles, ou de Miami, ou bien sur son yacht qui sillonnait en tous sens l’Atlantique. Une fois, madame Corne avait parlé sèchement de ces « filles faciles qui se font faire des enfants par des hommes riches, en espérant on ne sait quoi », maman était devenue toute blanche et s’était levée, Océane avait alors espéré qu’elle ferait sortir madame Corne, mais maman s’était rassise, toute raide, et avait pleuré doucement. Madame Corne l’avait regardée froidement, puis lui avait tendu avec dédain un mouchoir en papier « pour essuyer son maquillage qui coulait ». Elle était partie en embrassant durement Océane, qu’elle avait appelée « ma petite fille » d’une voix bizarrement rauque, et elle avait laissé sur la table en partant une enveloppe bourrée de billets que maman avait prise à regret. Son parfum épais avait flotté un instant dans le courant d’air de la porte. Les escarpins vernis avaient battu quelques minutes, en pluie sèche, de plus en plus sourde, la moquette usée de l’escalier. Au bas de l’immeuble, on avait ensuite entendu démarrer la grosse voiture dont le moteur était resté à tourner pendant toute la visite. Océane s’était un peu penchée par la lucarne ouverte, pour mieux voir, et elle avait réussi à distinguer la casquette grise du chauffeur, à l’avant de l’automobile luisante qui s’éloignait majestueusement dans le flot du boulevard.
La lettre de madame Corne contenait une carte d’anniversaire toute fleurie de petites violettes mauves, au dos barré d’une haute écriture noire et raide qui disait : « Joyeux anniversaire, chère Violette » au-dessus d’une grande signature barbelée, ainsi qu’une lettre assez longue, rédigée de la même écriture pointue au-dessus de la même signature barbelée : « Ma petite Océane, J’espère que maintenant tu travailles mieux à l’école. Tu achèteras de ma part à ta chère maman un cadeau pour son anniversaire. Je te donne la somme nécessaire, tu iras choisir toi-même, cela m’évitera de faire un paquet et cela t’apprendra à gérer un petit budget, ce qui, plus tard, te sera très utile… avec toute mon affection… » Il y avait en effet, au fond de l’enveloppe, un billet de vingt euros plié en quatre, qu’Océane essaya vainement de défroisser.
Un vase d’OPALINE… d’opaline… elle achèterait un vase d’opaline…
L’année passée, madame Coutin, l’institutrice du CM1, avait dit aux enfants qui lui avaient offert, avant les grandes vacances, un grand bouquet de roses : « Je les mettrai dans mon vase d’opaline »… « Opaline », c’était un si joli mot. L’enfant l’avait aussitôt noté sur son carnet de mots. « Opaline », c’était un mot qui avait le luisant de la pierre précieuse, la douceur soyeuse d’un rayon de lune se penchant sur la mer, un mot qui souriait à travers ses larmes. Océane prononça plusieurs fois à voix haute : « Opaline », le mot résonnait vraiment comme un cristal, comme une vague de verre bleue tintant sur le sable fin d’un rivage lointain. « O-pa-line »… un vase d’opaline, opaline… C’était un mot de douceur et d’espoir, une brassée de nacre, un cristal clair d’écume, une promesse de bonheur, c’était une merveille, ce mot dont on faisait des vases et qu’on emplissait de fleurs.
L’enfant avait pour les mots une affection sans borne. Elle collectionnait les plus beaux, elle gardait exprès dans sa poche un petit carnet « répertoire » sur lequel elle notait à mesure, bien rangés selon l’alphabet, tous ceux dont les sonorités lui plaisaient et qu’elle se répétait, inlassablement, comme des poèmes.
Elle sortit le carnet de la poche de son manteau : à la lettre « O », il y avait « océan », « Océane », « opale », « opaline », « origami », « osmose ». Elle avait inscrit « opaline » juste à côté d' »opale », faute d’avoir prévu une ligne avant « origami ». Mais c’était plus joli ainsi. Elle regarda un instant les deux mots jouer de leurs reflets caressants. L’opale était une pierre aux reflets fabuleux, aux couleurs changeantes comme l’eau de la mer, elle l’avait lu dans l’un des volumes des vieux Tout l’Univers qui meublaient les étagères du fond, à l’école. L’opaline était une pierre plus délicate encore, couleur du temps, comme la robe de Peau d’âne.
Elle essaya à nouveau d’aplatir le billet de Madame Corne. Les plis étaient profondément marqués, c’était tout de même dommage d’avoir plié en quatre un aussi beau billet. Elle tenta d’appuyer sur le papier le fer à repasser froid de maman, mais cela ne servit à rien. Peu importait, ce qui importait, c’était les mots. « Affection » par exemple, « avec toute mon affection »… madame Corne ne lui semblait plus du tout aussi désagréable. Elle avait même des yeux très doux, lorsqu’on y réfléchissait, des yeux d’un gris bleuté d’océan, des yeux d’opale et d’opaline. Et elle les aimait, finalement, oui, madame Corne les aimait, c’était certain, puisqu’elle voulait faire un cadeau à maman. C’était une femme sur qui on pouvait compter. Qui d’autre qu’elle s’était souvenue de l’anniversaire de maman ? Comment avait-elle pu croire que madame Corne les tourmentait, et qu’elle les méprisait, et qu’elle la tenait à distance, elle, « sa petite Océane » ?
Madame Corne avait écrit, et elle avait donné vingt euros… une somme énorme, que jamais Océane n’avait eue entre les mains, qui allait servir à acheter un vase unique, taillé dans une pierre fine et précieuse. « Un vase marmoréenne », dit à haute voix Océane – c’était un autre mot du carnet, rangé à la lettre M. Elle prononça encore une fois, lentement… »O-pal, o- pa-line », cela luisait comme une vague au creux du temps, cela dansait comme une lumière dans l’ombre, c’était un mot d’arc-en-ciel, un mot pétri de sable, de soleil et d’horizon. Un mot qui éclairait la vie comme un rêve. Elle irait acheter le vase d’opaline, elle ferait des bouquets avec les fleurs du jardin, qui illumineraient les doux reflets de l’opale. Et, plus tard, quand madame Corne reviendrait les voir dans sa grande automobile noire, avec le chauffeur en casquette grise qui se garerait près de l’arrêt d’autocar, elle serait tout à fait satisfaite. Elle admirerait le vase, elle respirerait le parfum des fleurs, elle embrasserait tendrement Océane, elle dirait doucement « ma petite fille ». Plus tard, elle parlerait à papa de son enfant qui l’attendait. Puisqu’elle le connaissait si bien. Puisqu’elle était si bonne, au fond. Alors papa serait là un matin, il prendrait son enfant par la main, il embrasserait maman, et il les emmènerait toutes les deux avec lui, enfin, sur son bateau, autour du monde.
Le lendemain, jour de l’anniversaire de maman, était un mercredi. L’enfant éteignit le poêle, prit le cabas des courses, ferma la maison à clé, attendit un moment sous l’aubette, et monta dans le car de dix heures, qui filait vers Nivouville. L’autocar vide roulait et tanguait comme un grand navire sur la route très bleue. Il s’arrêta dans un grand couinement de frein, tout près des usines Sort. L’enfant marcha longtemps le long du mur d’enceinte couvert de barbelés, serrant son cabas et baissant la tête pour ne pas être vue… Elle erra un bon moment dans l’hyper, puis finit par rencontrer, au fond d’une allée emplie de bassines et d’escabeaux, une jeune femme en blouse bleue, accroupie, qui ressemblait à maman, et qui avait l’air d’être une vendeuse. Non, dit la femme, on ne trouvait pas chez eux ce genre d’articles. Cela ne se faisait plus. Du tout. Puis, remarquant son désespoir, elle réfléchit encore, et conseilla d’essayer le bazar de la rue voisine, rue de la Lune d’eau, première à droite en sortant du parking, une boutique qui s’appelait « Au Gagne petit ». On ne savait jamais.
La porte tinta triste quand Océane la poussa. Elle se fraya un passage à travers les grandes lanières de plastique anti-mouches qui ornaient le seuil. Le « Gagne petit » était une boutique obscure où s’entassaient, sur des étagères cintrées, des marchandises très laides, très vieilles, et tout à fait hétéroclites. Une très grosse femme vêtue de noir qui se tenait dans l’ombre grinça dès qu’elle la vit : « Vous désirez ? »
-En opaline ? en opaline… c’est devenu rare, l’opaline… » Tendant son bras transpirant vers une étagère poussiéreuse, la femme attrapa un gros vase grisâtre, et dit : « Voilà. En opaline, je n’ai que celui-ci. Il est un peu sale, mais il est grand, et ce sera seulement vingt euros. Même quinze, pour toi, quinze euros seulement. »
La femme essuya le vase sur sa jupe, puis le roula dans un kraft brun qui crissait, enserra le paquet d’un gros élastique vert.
Avec les cinq euros qui restaient, l’enfant acheta encore un rouleau de papier à motifs argentés, et un feutre à paillettes.
A la maison, elle défit le paquet. A l’intérieur, le vase paraissait encore plus terne. Elle l’approcha de la fenêtre. C’était donc cela, l’opaline. Rien que cela. Cette matière triste, pauvre, opaque et désespérante, qui arrêtait la lumière… Elle repensa à Madame Corne qui avait des yeux grisâtres, elle aussi. Elle avait eu tort de se fier aux mots. Les mots pouvaient mentir, parfois. Les mots pouvaient s’éteindre, quand on tenait les choses entre ses mains.
Elle alla chercher un chiffon, frotta longuement le vase, le remplit d’eau, puis le posa dans un rayon de soleil. Il luisait un peu tout de même, d’un éclat de satin mat que la lumière du printemps peinait à réchauffer.
Puis, au lieu d’emballer le cadeau dans le papier décoré, elle y découpa aux ciseaux un grand rectangle, le plia soigneusement par plusieurs coins, et fit un grand bateau à motifs d’argent, avec une voile haute et pointue, très brillante, qu’elle posa à côté du vase.
Enfin elle alla cueillir au jardin une grande brassée de soucis jaunes, un peu trop lourds, qu’elle cala soigneusement dans le vase..
Elle posa la carte de madame Corne, bien en vue, sous le vase. Et, sur le bateau d’argent, elle écrivit avec son feutre à paillettes : « Bon anniversaire, de la part d’Océane ».
Quand maman poussa la porte, elle vit aussitôt les cadeaux. Elle poussa un cri d’admiration, puis souleva le vase, prit la carte.
-Ah… c’est madame Corne qui l’a envoyé… Comment est-ce qu’elle a su l’adresse ? Est-ce qu’elle nous traque ? De l’opaline, en plus ! De l’opaline ! pourquoi pas de l’arcopal, pendant qu’elle y est ? où est-ce qu’elle a trouvé ça ? Dans une brocante, ou quoi… ? Dans une loterie, peut-être ? Avec tout l’argent qu’elle a, cette teigne !
Alors… jamais l’enfant ne put comprendre comment cela se fit, car elle avait seulement voulu redresser les fleurs trop lourdes, dans le vase que maman avait un peu déséquilibré en le déplaçant… et l’opaline s’était brisée sur le sol en trois morceaux éclatants, tandis que l’eau coulait toute sombre sur la table, en deux filets lents, résignés. Le bateau flotta un instant sur la toile cirée, éblouissant dans le dernier soleil du soir, avant de faire naufrage, gorgé d’eau, entraîné par le poids des soucis, sur le carreau trempé…
Madame Corne sa grand-maman à mes yeux… Mère/fille une vie sobre de chez sobre mais plus douce que celle de l’amie sans père aussi, le fils de l’autre n’a pas épousé Violette… Eh oui jeune demoiselle les mots paraissent jolis mais, entre opaline et opale…. Merci Carole…
Tu ne perds pas de temps, Jill. Je me suis inspirée d’une histoire vraie là encore. Mais le sujet est bien, comme tu le dis, le langage, et le pouvoir trompeur de l’imagination.
Une cascade de déceptions pour la petite Océane, qui ferait presque sourire(« le bateau entraîné par le poids des soucis ») si cela ne se passait dans un si triste contexte. Nous avons tous vécu, je pense ce genre de déception en rêvant sur un mot qui nous faisait partir bien loin de la banale réalité.
Adulte, on apprend qu’il y a des rêves dont on ne doit jamais percer le mystère…
J’essaie toujours de mêler les registres. Peut-être que j’ai exagéré un peu à la fin… j’y réfléchirai.
Mais non, ce n’était pas un reproche, bien au contraire!
cette petite fille comme une autre que je connais bien, rêve d’Opaline entre mère et capitaine
les mots ont la musique et la poésie qu’on est capable de leur donner
les rêves ont la couleur qu’on veut bien leur prêter
la vie a quelquefois la couleur des soucis qu’on va trouver
mais l’enfant attentive aux mots trouvera toujours remède à ses maux.
Cette histoire est une triste et belle histoire…merci Carole.
Merci de nous redire que les mots aident à (sur)vivre.
A rêver, à espérer, à vivre, donc, oui.